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28 février 2013

GRUISSAN-VILLAGE UNE CIRCULADE VERS 1975 1.1.

238 GRUISSAN-VILLAGE UNE CIRCULADE VERS 1975

1.1. APPROCHE ECOLOGIQUE DU PAYSAGE

Si l’on s’en tient, dans un premier temps,  à l’idée que le paysage est d’abord la « perception » d’une partie d’un territoire donné, et sans trop entrer dans les détails de la notion même de perception, se mesure déjà une première difficulté. En effet,  il est peu contestable que la perception varie en fonction des individus. Exemple : pour un Européen du nord, l’olivier signifie la Méditerranée, le soleil, la chaleur, les vacances, le farniente,… pour un oléiculteur, l’olivier est un capital, une rentabilité, une récolte difficile (en hiver), une huile de qualité au parfum et au gout caractéristique. Le paysage a donc une valeur culturelle, qui n’est pas la seule valeur, et compte tenu de la diversité des individus, toute action en la matière devient hasardeuse.

C’est pourquoi, il y a lieu de mieux cerner la notion de paysage en le rapportant à un système de référence plus universel. Ce système peut être le système politique : il est exact que l’on peut prétendre et montrer qu’à un mode de relations entre les hommes correspond un type de composition de l’espace, qu’il soit urbain ou rural.

L’approche écologique s’attache en premier lieu, au paysage dans ce qu’il le compose, l’a créé et le modèle. Ce qui est en soi une voie dynamique ; d’où une première définition du paysage : « Le paysage est la perception d’un écosystème ou d’un ensemble d’écosystème.» Se situer dans l’écosystème plutôt que dans un territoire, un espace ou un ensemble d’objets, contraint à changer la nature même de la perception du paysage.

Définition de l’écosystème : « Système fonctionnel formé par un ensemble de groupes et d’individus et leur milieu de vie ; le milieu de vie étant l’ensemble des conditions extérieures dans lesquelles vivent et se développent les êtres vivants ». (A ce titre les conditions physiques extérieures sont  le climat, l’atmosphère, la géologie, la topographie, les écosystèmes voisins). Cette approche est dynamique puisqu’elle s’attache à des systèmes de fonctionnement vivants.

1.3. PAYSAGE ET DECOR

Si la définition théorique de l’écosystème ou d’un ensemble d’écosystèmes propose la perception pour définir  le paysage, elle précise les définitions courantes en ce sens qu’elle précise l’objet perçu comme étant un objet dynamique en fonctionnement et qu’elle intègre l’observateur lui-même à cet objet et à son fonctionnement.

Cette définition s’applique bien entendu plus au professionnel, qui prétend réfléchir et agir sur et avec le paysage, qu’au simple promeneur ou badaud. Elle permet cependant de bien se démarquer de la notion de décor qui ne prend pas en compte l’écosystème et son fonctionnement, mais simplement son aspect et qui n’intègre pas l’observateur à l’objet.

Définition du décor : « Le décor est la perception de l’aspect d’un territoire à un moment donné à l’exclusion de sa genèse et de son devenir ».

L’acceptation courante de ces deux termes de paysage et de décor, souvent confondus (volontairement dans les espaces publics urbains à tendance paysagère, car création de toute pièce pour un but de marketing urbain répondant à des demandes internes de la population concernée et d’une offre externe pour  une mise en marché efficiente  de la ville). Cependant, dans la distinction entre paysage et décor, reste fondamental la distinction entre dynamique et donnée.

2 .                   L’HOMME ACTEUR (ou actant)

2.1. L’HOMME

Si dans une approche simple du milieu rural (naturel ?) on prend volontiers en compte  les  seuls paysans, exploitants agricoles et les quelques autochtones, plus ou moins liés, ou qui apparaissent comme tels, à l’exploitation agricole, on ne peut soustraire ceux qui y sont structurellement liés, qui y vivent en permanence, qui y interviennent sporadiquement tant à  titre de consommateurs-promeneurs, sportifs, consommateurs de loisirs-tourisme de nature, qu’à titres d’investisseurs.

Du duo « protégeur/protégé, tenant de la préservation/conservation, au duo « pollueur /pollué des comités de défense et autres formes binaire d’approche de l’environnement, seule la notion d’acteur membre actif de l’écosystème répond à l’approche écologique.

Définition de l’environnement (donné par le conseil supérieur de la langue française en 1976) : »Ensemble à un  moment donné des aspects physiques, chimiques, biologiques et des facteurs sociaux susceptibles d’avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme sur les êtres vivants et les activités humaines

2.2. L HOMME AGIT SUR

Sur notre planète terre les paysages encore naturels sont bien rares. Si dans telles ou telles régions des plateaux sont dénudés, c'est que bien souvent des troupeaux de petits ruminants ou encore la technique de l'écobuage ont petit à petit épuisé le couvert végétal. Les paysages connus (vécus) sont le fait de l'action humaine et sont aussi le résultat d'une action économique engagé bien plus loin. Exemple : quand les stylistes de la mode et de l'industrie textile ont mis le coton à la mode, le développement de la culture du coton dans certains pays tropicaux et l'organisation de leurs systèmes de production agricole ont été modifiés.

Prendre le paysage par la voie écologique conduit à des bilans d'échanges économiques, comprenant des échanges internes et externes. Les paysages les moins habités (moins humanisés) voient s'exercer autour d'eux peu d'échanges externes, et en leur sein des échanges internes assez lent et peu visible. Par contre, les écosystèmes urbains et industriels offrent une apparence de désordre due à la densité des flux qui y circulent, y entrent ou en sortent. C'est dans cette différence que le mythe d'une nature « saine » -un Eden- s'oppose à la ville porteuse de toutes les tares... Dans les pays industrialisés ce mythe conduit à un urbanisme de maisons individuelles avec leurs jardins « microcosme » d'un Eden idéalisé.

2.3. L’HOMME TRANSFORME

La transformation des paysages est le fruit d'une longue histoire et elle se poursuit à une grande échelle avec des effets environnementaux et économiques désastreux (exemple de la culture des roses en Ethiopie ou au Kenya, vendues en Europe...) qui épuisent des ressources en eau, assèchent des lacs et modifient la faune aquatique et donc une biodiversité.

Les grandes villes s'accroissent sous la double pression de l'évolution démographique et de l'attractivité économique. Les villes, métropoles et mégalopoles, conurbations urbaines ou archipels urbains toujours plus attractives sont dans un registre permanent d'offres et de demandes internes et externes. Ces villes gagnent leurs expansions sur leurs territoires agricoles ou naturels proches et par les effets induits des infrastructures nécessaires transforment des surfaces en friches, en territoires abandonnés.

Une politique du tout «préservation» n'aboutirait à rien de tangible car le temps nécessaire à une reconquête des friches par des forêts ou des territoires naturels demanderait un temps long et par ailleurs supposerait une croissance zéro. Une politique conséquente a plus de chance d'aboutir si les perceptions et actions individuelles et collectives instantanées conduisent à des actions qui sont en rapport avec la vie des écosystèmes proches des individus et les impliquent. 

3.                    LA DELECTATION

L'artificialisation du milieu de vie des hommes rend la perception (et la compréhension) des écosystèmes qui les concernent de plus en plus complexe. Un cadre dans son bureau au 36ème étage de son gratte ciel (et quelque soit la ville) consomme pour sa climatisation, pour l'alimentation des ses ascenseurs, pour sa sécurité, de l’électricité fabriquée dans des centrales nucléaires produite loin de son complexe et le palissandre de son bureau vient d'un pays « exotique », etc. Ce cadre n'a pas le même sens de son insertion dans un système écologique que ne peut l’avoir le paysan, ou le vigneron.

Il se crée ainsi, une double appréhension (notion : ?) du paysage :

* les paysages « modernes » ou « urbains », en mouvements rapides, en mutations, auxquels la majorité s'intéresse le moins, que sont les paysages de zones industrielles, de banlieues, de couloirs de circulation, etc.  

 * les paysages de « qualités » ou « ruraux », d'apparence stables, presque intemporels, considérés comme patrimoniaux et culturels comme les centres historiques des villes, les coteaux plantés toscans, les rizières en terrasses, les déserts et leurs dunes...souvent paysages fabriqués par des photos abstraites, trop léchées, trop idéalisées,...(cf. Yannus Bertrand). De ces derniers paysages, le public devient de plus en plus jaloux, avide de découvrir. Ces paysages fabriqués, économico touristique deviennent des objets d'une consommation gourmande, d'une délectation.

Cette délectation dans le monde rural connait deux voies extrêmes :

1. l'agriculture paléo culturelle, en référence culturelle à la tradition, à la vie saine, à la production « bio », à l'opposition des remembrements systématiques, etc.

2. l'écosystème climacique pur, exempt de toute intervention humaine dont l'existence doit être à la fois proclamée (défense du site) et cachée (numerus clausus).

La délectation dans le monde urbain a suivi une évolution, depuis les périodes de reconstructions, après la seconde guerre mondiale, en deux temps. Du quantitatif indispensable pour panser les plaies, héberger les populations, offrir un toit aux « bras » nécessaires à l'édification des outils industriels - la reconstruction et ses plans masses en référence au peintre Mondrian, ses zonages (zoning) mal aboutis d'une lecture rapide de la Charte d'Athènes et du fonctionnaliste (avec son chef de file ou hérault l'architecte Le Corbusier) : charte résumée à : se déplacer, habiter, travailler et se (re)créer ; les villes, l'urbain s'est déplacé vers le qualitatif. Les centres villes ayant subis des opérations bulldozers, «tabula rasa», rasant toutes références à l'histoire du paysage urbain, soudain se sont épris de leur histoire (de leur géographie) et ont abouti à «une allégorie du patrimoine ». Le tout piéton ou le tout vélo ou le tout transport en commun sont les derniers avatars d'une (re) découverte du bien fondé du «aller en ville» qui n'est qu'un décor d'une partie de la totalité de l'espace urbain.

4.                    QUELQUES IDEEES SUR LE PAYSAGE

Le paysage dépend de l’écosystème dont il est une impression, et la méthode écologique en permet, dans un premier temps, une approche simple (commode) et elle offre en outre le moyen «critique»  de la politique répandue de la délectation. Le paysage rend compte du fonctionnement des écosystèmes et entrer dans le détail de la vie économique, sociale et culturelle d’une région ou d’un territoire serait trop ambitieux …

4.1.  PROPOSITION POUR LES ESPACES NATURELS

Souvent ces espaces paraissaient peu nécessaires au fonctionnement d’une région, sinon en tant qu’espaces vides d’hommes : la collectivité n’avait apparemment rien à faire de ces espaces mais elle avait le sentiment très fort qu’il fallait en prendre soin au nom d’un équilibre biologique. Au nom d’un patrimoine naturel, d’un décor, d’une réserve, …avec un souci quasi instinctif d’avoir le plus possible de végétation sur le sol, d’avoir la forêt la plus épaisse ; en un mot le besoin d’avoir sur les espaces naturels la plus forte biomasse est certainement une des justifications naturelles de l’action des pouvoirs publics depuis quelques années dans leur politique de préservation, de politique foncière sur ces espaces, de création de parcs naturels à différentes échelles, locales, régionales, transfrontalières quelquefois…Si ces espaces sont devenus des espaces structurant dans les politiques d’aménagement des territoires, ils nécessitent un constat de leur situation de départ du point de vue écologique, c’est-à-dire de connaître leur état de retard par apport au climax et en conséquence des moyens de mise en  œuvre d’une pratique forestière trop rapide qui oublierait de faire des amendements ou des travaux du sol pour accélérer la marche des écosystèmes en question vers un état climacique équilibré.

Rappel  de la définition du CLIMAX : « Le climax est l’état ultime de l’évolution d’un écosystème dans les conditions données du milieu. Le climax présente le maximum de biomasse possible, la biomasse étant le poids total des individus de l’écosystème. Il est en principe le système le plus stable, le plus complet et le plus diversifié. »

4.2. PROPOSITION POUR LES ESPACES CULTIVES

Il s’agit, dans ce cas, d’écosystèmes dont on cherche la productivité la plus forte (la plus performante), qu’il s’agisse de culture (ager), des pâturages (saltus) ou de forêts productives (sylve). Un fonctionnement économique régional (international) admet que la tâche des pouvoirs publics est de faciliter celle des professionnels qui font partis de ces écosystèmes : les agriculteurs, les éleveurs et les forestiers.

Si quelquefois des erreurs de gestion compromettent la valeur de l’outil de travail pour des rentabilités à court terme : érosion, épuisement des sols, surpâturage, enrésinement abusif, monocultures successives, etc. ; ces cas sont rares et le plus souvent le fait de non professionnels qui contraignent de fait les agriculteurs à exploiter ainsi.

Dans l’ensemble les professionnels ont soin de doser au mieux les apports énergétiques au sol  pour équilibrer les exportations des récoltes et conserver à la machine solaire que constitue le système plante-sol, son meilleur rendement. Généralement les paysages agricoles, pastoraux ou forestiers  sont appréciés des «étrangers» au monde rural car il parait «facile» de les comprendre et les gens saisissent facilement les relations qui les unissent à ces systèmes de production.

5.                    APPRENDRE A VOIR LE PROJET DE « projet  de » PAYSAGE

Du fait même que souvent  l’on a négligé l’aspect environnemental de l’aménagement du territoire, ou que l’on a considéré cet aspect sous le seul angle du décor, ou que des forces économiques externes imposent un modèle, un « produit », un «new urbanisme», une «utopia» absurde,  une Dysneylanderie mondiale (à preuve les programmes en banlieue Est parisienne), il s’en suit de la part des populations comme des pouvoirs publics, une méconnaissance totale des mécanismes du paysage.

Si cette méconnaissance est lié (sans doute) au déracinement, elle connaît un effet cumulatif liés aux nouvelles pratiques sociales de l’espace : mobilité, privatisation, zonage, etc.,…De cette façon il n’y a plus de paysage puisque les écosystèmes ne sont plus perçus : il reste un environnement dégradé et un décor idéalisé et mythique dans l’esprit des populations.

La vogue des paysagistes dans les projets urbains en Europe est symptomatique. Les urbanistes et les architectes qui investissaient le projet urbain dans toutes ses dimensions assistent impuissants à une pseudo mise en scène des espaces publics urbains, de création  «d’espaces verts », à une végétalisation à outrance du moindre espace disponible, sans se préoccuper de l’histoire urbaine des villes…du vert, du vert, une boulimie verte, la campagne à la ville : à quand les vaches sur les pelouses… ?

Comment est perçu la partie sonore du paysage ? En ville c’est souvent des bruits insupportables, à la campagne c’est le chant des oiseaux ou des cigales. En ville c’est la marteau piqueur, les véhicules, les vélomoteurs aux pots d’échappements percés, les «klaxons« intempestifs ; mais ces sons, ces bruits traduisent des activités, des métiers,… Sons familiers ou incongrus, désagréables par leurs timbre, leur intensité, souvent qui pourraient être évités ou étouffés (les bruits d’usines par exemple). De même si l’on écoute la campagne, au-delà des fonds sonores souvent supérieur à ceux de la ville (les grenouilles pendant les soirées d’été), on entend aussi les bruits du monde rural, tracteurs, animaux, pompes, sprinklers d’aspersion, etc. (ce qui étonnent le touriste, le visiteur, le randonneur occasionnel, qui pensent que le silence règne à la campagne ; une chouette qui chante la nuit ça surprend et quelquefois fait …peur…), comme tous ces sons inconnus, la nuit, en forêt.

Brice Lalonde affirme : « C’est en ville qu’on a peur, pas dans la forêt », nous pensons fermement le contraire.

Il faut réapprendre la paysage en le vivant, et s’il faut investir la piste des écoles, collèges et lycées (il n’y a jamais de cours sur les espaces de la ville, de l’urbain et ou de la campagne/ du rural, pourtant milieux de vies permanents de tout individu) il faut aussi évoquer la richesse du milieu auprès des adultes élus ou non.

6.                     LOISIRS DE NATURE

Si l’on refuse que les loisirs ne viennent confirmer que les pratiques de délectations et si l’on décide de les insérer au mieux dans une pratique «paysagère», on voit rapidement combien ceux-ci peuvent être nourris d’une préoccupation écologique sans pour autant qu’ils y soient cantonnés et tendre vers un éco tourisme.

C’est une doctrine qui, semble être mise en pratique, dans l’ensemble de la gestion des espaces naturels existants et futurs comme les plages et les dunes, les abords des étangs, les bois divers, les parcs ou  jardins ou squares récréatifs et/ou de loisirs existants ou à créer de la ville de Gruissan et de manière générale à l’ensemble des districts, des villes et des espaces péri urbains les accompagnants et les espaces encore naturels, si rares au monde.

Se reporter à Vincent Andreu-Boussut, qui, dans son livre : La nature et le balnéaire, le littoral de l’Aude, précise : « Il ne s’agit pas ici de questionner la place de l’homme dans la nature, mais plutôt d’interroger les objectifs assignés à la protection de celle-ci.». Nous regrettons d’entendre à satiété la protection de la nature sous toutes ses formes et très rarement la place de l’homme dans la nature. Nous préférons entendre les écologistes politiques sur ce terrain que Yanus-Bertrand (l'hélico logistes) et consorts .

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Commentaires
M
trés beau village merci
ARCHI.archis
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